L'Association pour l'emploi des cadres revoit ses prévisions à la hausse. Elle estime que les entreprises devraient recruter près de 200.000 cadres pour 2011, notamment en raison de la bonne tenue de l'investissement. Ses experts sont toutefois un peu moins optimistes pour le moyen terme.
Cela se confirme : l'année 2011 sera un très bon millésime pour l'emploi des cadres. Il y a six mois, les statisticiens de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) tablaient sur un maximum de 181.000 embauches de cadres pour 2011. Ils estiment désormais que le nombre de recrutements tutoiera la barre des 200.000 (194.600 précisément), selon ses chiffres révisés publiés hier. Cela représenterait une progression de 18 % par rapport à 2010, qui avait déjà enregistré une hausse de 15 %.
Cette révision à la hausse trouve son origine dans une croissance plus forte que prévu (l'Insee table désormais sur une progression de 2,1 % du produit intérieur brut cette année), grâce notamment à une reprise de l'investissement après trois années consécutives de baisse. Le rebond de l'investissement constituerait « un relais efficace à l'essoufflement prévu des dépenses de consommation des ménages », pointe l'Apec. Les signes de faiblesse de la consommation au printemps ne semblent toutefois pas un sujet de préoccupation pour l'Apec, qui estime que son impact direct sur l'emploi cadre reste faible.
Difficultés de recrutement
Premier signe de l'embellie prévue pour 2011, l'agence relève un accroissement de 70 % du nombre d'offres déposées lors des douze derniers mois. L'informatique, les études et la recherche et développement (une conséquence du développement du crédit d'impôt recherche) ainsi que les commerciaux figurent parmi les fonctions qui en profitent le plus. De premières tensions apparaissent même, indique l'Apec : près de deux entreprises sur trois font état de difficultés pour recruter.
Ses experts sont toutefois moins optimistes pour la période 2012-2015. Pour Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec, « le moteur tourne, mais à un rythme qui n'est pas suffisant ». L'investissement, qui joue un rôle moteur dans les créations d'emplois de cadres, n'a pas « retrouvé sa dynamique d'avant 2000 », souligne-t-il. Il pourrait de surcroît pâtir d'une possible poussée de l'inflation ou d'un choc budgétaire lié aux dettes souveraines. Or, si l'investissement devait retomber en panne, « les autres moteurs de la croissance pourraient difficilement prendre le relais », estime l'Apec. Ses experts pointent plus globalement « un contexte économique sur lequel pèsent encore de nombreuses menaces », avec notamment un problème récurrent de compétitivité des entreprises et une rentabilité qu'elles peinent à reconstituer.
L'Apec prend également comme hypothèse que les nouvelles législations sur la retraite et l'emploi des seniors vont pousser les cadres proches de la soixantaine à rester plus longtemps en activité, ce qui limiterait les recrutements de remplacement.
Dans ce contexte, l'emploi cadre connaîtrait « une nouvelle phase ascendante qui rappellerait celles observées par le passé, mais plus aplatie et beaucoup moins dynamique que dans les périodes précédentes ». Après une hausse de 18 % cette année, le nombre d'embauches de cadres verrait ainsi sa croissance ralentir significativement : + 8 % en 2012, + 5 % en 2013 et + 6 % en 2014, pour finalement diminuer de 1 % en 2015.
http://www.lesechos.fr/
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